dimanche 1 février 2009

Mutineries à Madagascar

Révoltes d'esclaves et de travailleurs engagés



Lorsque les colonies britanniques de l'Océan Indien abolissent l'esclavage - en 1833 - puis que les colonies françaises font de même - en 1848 -, il faut les remplacer par des travailleurs libres, les engagés. Maurice et, dans une moindre mesure, La Réunion, recrutent principalement des Indiens. Mais le voyage de l'Inde aux Mascareignes est long, couteux, et les engagés ne sont plus aussi dociles que les esclaves africains...


La Réunion, voisine de Madagascar, opère donc des recrutements sur la Grande-Terre. Mais aucun Malgache ne souhaite s'engager de son plein gré, ce qui pousse les recruteurs à employer les grands moyens. Dans les années 1848-1859, les Réunionnais n'hésitent pas à enlever des villageois dans le nord de Madagascar, voire même des prostituées ou des rois ! Bien entendu, ces derniers ne se laissent pas faire et se rebellent, conduisant la plupart du temps le bateau à s'échouer peu après son appareillage, à cause du chaos engendré à bord.

Cependant, si les Créoles de Maurice et surtout de La Réunion continuent à venir s'approvisionner à Madagascar, c'est bien qu'il y trouvent de la main d'oeuvre. Il s'agit tout simplement d'esclaves africains vendus par les Malgaches et qui deviennent donc "engagés libres". Peu d'entre eux se révoltent, en revanche on remarque que les rares mutineries ont toutes lieu au départ de Madagascar et jamais au départ de l'Afrique.

La révolte la plus retentissante à cette époque est celle qui secoua la Marie-Angélique. En janvier 1859, le Capitaine Bertin recrute sur la côte occidentale de Madagascar, véritable eldorado pour les trafiquants d'esclaves. Il s'arrête à Marambitsy puis dans le Baie de Baly, où il fait une escale plus longue pour attendre de nouveaux arrivages d'esclaves. C'est alors que le fils de la reine locale, nommé Sourdany, qui a supervisé les recrutements, incite les engagés à se révolter et à se sauver. Les mutins prennent le contrôle du navire qu'ils échouent un peu plus loin tandis que l'équipage est fait prisonnier. Un autre navire recruteur qui se trouvait dans les environs, l'Angélina, secourt les prisonniers et se met en quête des fugitifs. Mais Sourdany s'oppose par tous les moyens à ce que les engagés soient retrouvés. Ce n'est pas par bonté d'âme... Les engagés sont en fait retournés à leur premier destin, celui d'esclaves des Malgaches. Sourdany a réussi à gagner le prix de vente de ces hommes, tout en les récupérant. Il va même plus loin et exige de Bertin, qui parvient après négociations à récupérer son épave, un droit d'ancrage pour chaque jour passé à Baly !

D'autres révoltes, toujours avec la complicité ou à l'initiative de la population locale, ont eu lieu à la même époque à Madgascar, se soldant parfois par un véritable massacre. En 1857, déjà à Baly, le Jules-Edouard et l'Adélie s'étaient faits surprendre. En 1857 également, mais cette fois à Maïntirano, la Marie-Caroline subit une mutinerie sanglante. Cette fois, l'équipage est entièrement décimé.

Parfois, pourtant, l'équipage et le capitaine parviennent à garder le contrôle et traduisent les fauteurs de trouble devant la justice à leur arrivée. C'est le cas de la Princesse Mathilde qui quitte Nosy-Be en 1857, puis de la Mathilde en 1858.

Suite à toutes ces mésaventures et à cause des recrutements illégaux qui ont lieu dans les ports de la Grande-Terre, les autorités françaises interdisent définitivement le recrutement à Madagascar et en Afrique en 1859, suivant de près les Britanniques. Malgré tout, le trafic illégal d'engagés/esclaves africains, dans de terribles conditions, n'est pas pour autant terminé.

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