dimanche 4 décembre 2011

Les Reunionnais dans la Guerre Franco-Prussienne


La Guerre Franco-Prussienne, déclarée par l'Empereur Napoléon III le 19 juillet 1870, n'a pas reçu beaucoup d'échos à La Réunion parce qu'elle était vécue comme trop lointaine. Pourtant, quelques Réunionnais se sont illustrés lors de ce conflit. A la suite de la défaite de la France, leur histoire a été peu à peu oubliée.

Les Réunionnais de 1870 n'ont guère de moyens de se tenir au courant des évènements qui se déroulent en France métropolitaine. La presse de l'île ne publie la nouvelle de la déclaration de guerre que le 5 août, près de trois semaines après le début du conflit. Tout le monde est incrédule et il faut attendre encore plusieurs semaines pour que les Réunionnais prennent la mesure de la situation.
Les actions collectives des Créoles en faveur de leurs compatriotes métropolitains restent rares, cependant les habitants de Saint-Denis lançent le 9 septembre 1870 une grande souscription en faveur des soldats blessés et de leurs familles.
Individuellement, plusieurs Réunionnais participent malgré tout directement à la guerre, comme en témoigne encore la plaque commémorative des morts de 1870-1871 dans l'hôtel de ville de Saint-Denis.
Parmi les noms que l'on peut y lire se trouve celui d'Eugène Desprez. Né en 1828 dans une famille de planteurs sucriers de Sainte-Suzanne, dans l'Est de l'île, il meurt en défendant Paris contre les les Prussiens en 1870. Propriétaire d'une plantation de canne à sucre sur l'île de Nosy-Be, à Madagascar, son véritable métier est pourtant celui de militaire. Il entre dans la Marine dès 1844 et c'est donc dans le cadre de son service qu'il est envoyé au front. Il disparaît sans avoir eu le temps de se marier ni d'avoir des enfants.
D'autres Créoles quittent également l'île pour se porter au secours de leur pays. Mais ceux-ci sont des civils, volontaires, qui agissent par patriotisme. Cependant, rien n'est prévu pour les encourager. Lorsque ces hommes apprennent, à la mi-octobre 1870, les graves déboires militaires de la France, ils décident d'aller se battre en Europe contre les Allemands. Mais comme ces bonnes volontés doivent payer elles-mêmes le billet pour la traversée à bord du paquebot des Messageries, beaucoup renoncent. Seuls 16 hommes s'embarquent finalement le 22 octobre, alors que la situation militaire française est déjà catastrophique. Après un séjour à Marseille, 13 volontaires rejoignent effectivement les francs-tireurs d'Indre-et-Loire.
Bien entendu, certains Réunionnais sont directement concernés par la guerre car ils vivent à l'époque dans l'Hexagone. C'est le cas des frères Ernest et Thomy Lahuppe, originaires de Saint-Denis mais installés à Paris lors du déclenchement du conflit. Thomy, journaliste et imprimeur, s'engage à la défense des fortifications de Paris. Ernest, médecin, met naturellement son art au service des blessés de Paris. Pour ses services, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur par le Ministre de la Guerre, le 5 mai 1871. Les deux frères envoient quelques courriers reproduits dans la presse réunionnaise, relatant les immenses difficultés de la population durant le siège de Paris, à l'hiver 1870-1871.
Et que dire de Juliette Dodu? Bien que son cas soit très contesté, cette dyonisienne née en 1848 est devenue très célèbre suite à la Guerre Franco-Prussienne. Elle se serait illustrée à partir de septembre 1870 à la poste de Pithiviers en interceptant les télégrammes allemands. Juliette Dodu a obtenu la Légion d'Honneur quelques années plus tard et sa ville natale l'honore toujours d'une grande rue et d'un collège à son nom.

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